Taper pour chercher

5 bonnes raisons d’aller à Venise

Partager

La 60ème édition de la Biennale de Venise intitulée « Stranieri Ovunque – Foreigners everywhere » s’annonce comme une édition politiquement engagée, à l’heure où le monde s’embrase. 

Comprendre le Global South

En faisant un focus sur les questions migratoires, le commissaire brésilien de la 60ème édition de la Biennale de Venise, Adriano Pedrosa, met au centre de ses préoccupations les artistes du Sud, longtemps restés en marge des circuits de légitimation du Nord global. Priorité est ainsi donnée « aux artistes eux-mêmes étrangers, immigrés, expatriés, diasporiques, émigrés, exilés ou réfugiés, en particulier ceux qui ont migré entre le Sud et le Nord. » Une profession de foi qui résonne comme un acte de résistance alors que le nouveau directeur de la Biennale, Pietrangelo Buttafuoco, nommé en novembre dernier, ne cache pas ses accointances avec la présidente du conseil italien Giorgia Meloni, connue pour ses positions anti-migrants.

Les modernismes du Sud

En plaçant sa note curatoriale sous l’égide du poète brésilien Oswalde de Andrade, auteur d’un Manifeste anthropage (1928) dans lequel celui-ci prônait la nécessaire ingestion de la culture du colonisateur, Adriano Pedrosa entend remettre à l’honneur les modernités du Sud.

Une sélection d’œuvres emblématiques d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient, est l’occasion de s’attarder sur le rôle joué par l’École de Casablanca dont certains peintres emblématiques tels que Melehi ou Chabâa sont présentés pour la première fois à la Biennale.  «Une référence clé est l’École de peintres de Casablanca du Maroc, explique le curateur. Ce qui est intéressant, explique le curateur, c’est un certain type d’abstraction qui se détache de la tradition géométrique abstraite constructiviste européenne, avec sa grille orthogonale rigide de verticales et d’horizontales et sa palette de couleurs primaires, pour privilégier des formes plus organiques et curvilignes, […], dans des compositions saisissantes

Plusieurs pays africains font leur entrée 

Parmi les 13 pays du continent africain à avoir leur pavillon officiel dont le Zimbabwe, le Nigéria ou l’Égypte, 4 sont des nouveaux venus : le Bénin, la Tanzanie, l’Éthiopie et le Sénégal. On scrutera notamment le pavillon béninois emmené par le directeur de l’African Artists’ Foundation de Lagos, Azu Nwagbogu. Intitulé « Everything precious is fragile », l’exposition met à l’honneur des artistes dont nous suivons depuis longtemps le parcours comme Romuald Hazoumé ou Ishola Akpo. Le pavillon sénégalais intitulé « Bokk-Bounds » (« ce qui est partagé » en wolof et « lien » en anglais) sera l’occasion de redécouvrir le travail d’Alioune Diagne, fondateur de l’abstro-figuro. Habitué des manifestations internationales, le curateur camerounais Simon Njami emmène le pavillon ivoirien regroupant sous un titre très jazzy « Blue Note » les artistes James Koko Bi ou Marie-Claire Messouma.  

Le Brésil et la question des restitutions

Rebaptisé Hãhãwpuá, désignant dans la langue vernaculaire pataxó la terre du Brésil avant l’arrivée des colons portugais, le pavillon brésilien, sous la houlette de trois commissaires, invite les artistes autochtones Glicéria Tupinambá, Olinda Tupinambá et Ziel Karapotó. L’exposition « Ka’a Pûera: We Are Walking Birds » s’intéresse entre autres à l’épineuse question de la restitution d’objets dont la population Tupinambá a été dépossédée au profit de musées européens, notamment au Danemark. Sans doute cette question postcoloniale reste-elle l’un des combats qui réunit le mieux les pays si hétéroclites du Global South. Pour la première fois de son histoire, les États-Unis mettent de même à l’honneur un artiste autochtone, Jeffrey Gibbons, dont l’univers flamboyant mélange allègrement les traditions amérindiennes à des références queer iconoclastes.

La voix de la Palestine résonne (malgré tout) à Venise

Faute de pouvoir exposer au sein d’un pavillon, la Palestine sera présente à travers l’œuvre de l’artiste Malak Mattar. L’artiste gazaouie, qui s’est exilée à Londres en octobre dernier, expose à la Ferruzzi Gallery jusqu’au 14 juin, un ensemble de travaux sur le thème de la guerre dont la toile monumentale No Words, une représentation en noir et blanc de “ce que vit Gaza depuis le 7 octobre” écrit-elle. Un symbole fort. Parallèlement l’artiste et les curateurs du pavillon israélien ont annoncé, mardi 16 avril, garder portes closes tant qu’un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages du Hamas n’auront pas été négociés. 

Olivier Rachet – Emmanuelle Outtier

x
seisme maroc

La rédaction de diptyk se joint aux nombreuses voix endolories pour présenter toutes ses condoléances aux familles des victimes du séisme qui a frappé notre pays.

Nos pensées les accompagnent dans cette terrible épreuve.

Comme tout geste compte, voici une sélection d'associations ou d'initiatives auxquelles vous pouvez apporter votre soutien :